Santé
Réduction des Risques
Usages de Drogues


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SWAPS nº 6

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Editorial nº6

par le comité de rédaction

Les quelque trois cents spécialistes, représentatifs par leurs connaissances et leur savoir-faire, réunis les 12 et 13 décembre derniers dans les murs du ministère de la santé, posent une question : leur énergie a-t-elle été une fois de plus dépensée en pure perte ? Cette confrontation des expériences, cette mise à jour des difficultés et des blocages, ce travail d'évaluation et d'élaboration de propositions concrètes n'auront-ils servi à rien ? La trop visible absence à ces rencontres des ministères concernés au premier chef - justice, intérieur, éducation nationale, finances, jeunesse et sports - traduit-elle le mépris que continue à susciter la question des drogues ?

Quatre-vingts recommandations consensuelles émises par quinze ateliers thématiques ont mis un terme à quelques années de combat au sein même du dispositif spécialisé. Les discours purement idéologiques et revendicatifs, bien nécessaires pour ébranler le système, ont fait leur temps.

Place à l'expérience acquise au sein des nouveaux dispositifs, à la maturité, au réel désir de cohérence et de construction commune ; ancrer les projets dans la durée, consolider les compétences, reconnaître les nouveaux métiers, maintenir le lien fragile avec les plus précarisés, répondre à la souffrance psychique, pérenniser les changements produits par les nouvelles dispositions, continuer à innover... les propositions sont là, prêtes, raisonnées, réalistes.

Lancinant refrain entonné par la plupart des ateliers, la demande de révision de la loi de 1970 s'est trouvée déclinée dans toutes ses évidentes variations. Parce qu'elle est incompatible avec une prévention digne de ce nom auprès des jeunes, avec une promotion de la santé physique et mentale des usagers, avec l'accès aux soins, avec les possibilités d'insertion, avec la dignité de la personne et de ses droits les plus élémentaires, parce qu'elle est incohérente dans le clivage produits licites/produits illicites, parce qu'elle est un frein à toute tentative d'innovation...

L'opinion publique, sensible à la souffrance sociale qui se manifeste partout sous de multiples formes, peut entendre, si on l'en informe sereinement par l'expertise et non plus par l'idéologie, qu'en France comme dans les pays européens qui l'ont précedée dans cette voie, un changement de la législation des drogues est à présent incontournable. Pour les experts. Alors ?... Le blocage ne serait-il plus que politique ?