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SWAPS nº 66

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Dossier Prohibition

L’Uruguay propose de légaliser le cannabis dans le monde

par Reuters, AFP

Le gouvernement uruguayen a proposé mercredi 21 juin de légaliser la production et la vente de cannabis en jugeant que le contrôle de ce marché serait moins dangereux pour la société que le développement du trafic clandestin.L’Uruguay, dirigé par le président de gauche Jose Mujica, va en outre proposer que cette mesure soit étendue au niveau mondial, a déclaré le ministre de la défense, Eleuterio Fernandez Huidobro, selon lequel une telle initiative permettrait de lutter contre la consommation de drogues dites dures. Le gouvernement va soumettre sous peu un projet de loi au Congrès dans le cadre d’un ensemble de mesures destinées à lutter contre la criminalité dans ce pays d’Amérique latine, où la consommation de cannabis est déjà autorisée. "Nous voulons combattre deux phénomènes différents : le premier, c’est la consommation de drogue et le deuxième, c’est le trafic de drogue. Nous pensons que l’interdiction de certaines drogues crée davantage de problèmes au sein de la société que la drogue elle-même, a dit le ministre de la défense au cours d’une conférence de presse. Les homicides liés aux règlements de compte sont en augmentation en Uruguay et c’est le signe évident que certains phénomènes qui n’existaient pas auparavant sont en train d’apparaître"

Le projet de loi vise à créer un cadre juridique pour la production et la vente de cannabis. Il n’autorisera pas la culture de la plante pour un usage personnel. Ce texte est l’un des éléments d’un train de 15 mesures destinées à lutter contre la criminalité, notamment par le biais d’un renforcement des sanctions contre la corruption policière, contre le trafic de cocaïne ou encore la délinquance juvénile.

La première réaction est parvenue du Guatemala, où le président Otto Perez, un général de droite à la retraite récemment entré en fonctions, avait proposé en début d’année de légaliser les drogues pour lutter contre la violence qui ravage l’Amérique centrale, se voyant opposer un refus catégorique des Etats-Unis.

La proposition uruguayenne découle de "50 ans d’échec du combat contre le narcotrafic", a jugé le porte-parole du président Perez, Francisco Cuevas. "Les pays doivent chercher de nouvelles voies pour combattre le narcotrafic d’une façon plus efficace et réduire la violence que provoquent les organisations criminelles", a-t-il répété. "Dans le respect de la décision de chaque pays, l’Amérique latine doit chercher ces nouvelles voies", a ajouté M. Cuevas, dont le pays, avec le Mexique et le Honduras, voit transiter 90% de la drogue consommée aux Etats-Unis.

Le président colombien, Juan Manuel Santos (droite), a lui critiqué une décision "unilatérale" et appelé à "une approche commune". "Si un pays légalise et un autre pays maintient une interdiction totale, cela génère des distorsions qui souvent aboutissent à aggraver le problème", estimé le président du principal pays exportateur de cocaïne au monde.

Le ministre vénézuélien de l’Intérieur, Tareck El Aissami (gauche), s’est également montré circonspect, évoquant "un piège", avant de suggérer d’investir plutôt sur la prévention. "Ça ressemble à une mesure défensive et non préventive", a-t-il déclaré.

Le président uruguayen José Mujica a défendu sa proposition en estimant que "quelqu’un doit commencer en Amérique du Sud". "Quelqu’un doit être le premier, parce que nous sommes en train de perdre la bataille contre les drogues et la criminalité sur le continent", a indiqué M. Mujica au journal O Globo.