Santé
Réduction des Risques
Usages de Drogues


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SWAPS nº 66

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Publications


Drogues Store
Dictionnaire rock,  historique
et politique des drogues
Arnaud Aubron
Ed. Don Quichotte,
400 p., 19,90 euros
La French Connection
Les entreprises criminelles en France
Thierry Colombié
Observatoire géopolitique
des criminalités,
coll. « Non lieu »,
Un kaléidoscope très humain

Drogues Store, d’Arnaud Aubron,
n’est pas vraiment un
dictionnaire même si l’entrée se
fait par lettre ; ce n’est non plus
pas un traité de géopolitique,
même si vous saurez tout
sur les talibans, les contras
colombiens ou les rois birmans
de l’opium ; ce n’est pas tout
à fait un recueil de fait divers
même si vous apprendrez que
les mineurs chiliens bloqués
pendant 69 jours à 700 mètres
sous terre ont tenu le coup
grâce au cannabis ; ce n’est pas
un reportage sur la politique
française même si les positions
de Simone Veil ou de Nicolas
Sarkozy sont soigneusement
analysées ; ce n’est pas
une anthologie sur les hommes
célèbres qui ont consommé des
drogues mais vous apprendrez
que Steve Jobs a été fortement
marqué par ses voyages sous
acide (LSD) et que, moins drôle,
Adolf Hitler s’injectait des
drogues presque
quotidiennement ; ce n’est pas
un recueil de citations, même
si chaque lettre de l’alphabet
en est accompagnée ; ce n’est
pas un livre d’espionnage,
même si vous découvrirez les
liens entre la CIA et les cartels
de la drogue. Mais c’est un peu
tout ça.
Anne Coppel, qui en fait la
préface, parle de kaléidoscope
des drogues, et c’est à coup sûr
un livre très humain, résolument
hostile à la prohibition
et à la guerre à la drogue,
parce qu’elles sont inefficaces
et source de malheurs pour
des millions de personnes dans
le monde, et parce que, comme
le disait Sir Keith Morris (cité
à la lettre M), "la guerre à
la drogue ne peut être gagnée,
parce que c’est une guerre
contre la nature humaine".

DIDIER JAYLE
Enquête sur la French Connection

Docteur à l’EHESS, Thierry
Colombié a déjà beaucoup
travaillé sur le "Milieu"
français. Enrichie par des
témoignages inédits d’acteurs
du tentaculaire trafic d’héroïne
dont, de 1935 à 1985, la France
fut le pivot, cette nouvelle
publication va plus loin dans
l’analyse des mécanismes
utilisés par les entreprises
criminelles pour organiser une
véritable "veille informative"
au sein de la société et
se rapprocher des élites
afin d’assurer leur pérennité.
Comme l’explique l’auteur,
"la réduction des risques [sic !]
passe par l’association de ces
groupes au niveau du marché
de l’offre, notamment sur
les segments d’élaboration
et d’exportation de l’héroïne,
et par l’établissement de
passerelles avec la sphère
politico-administrative sous
la forme d’échanges de biens
et de services, en particulier
au niveau de l’information".
"La criminalité organisée
est une activité économique",
rappelle Jean de Maillard
dans son introduction, "rendue
possible par la corruption des
élites qui neutralise l’efficacité
de la répression et par
la collusion des acheteurs
de biens et de services
criminels, qui préfèrent ne pas
voir à quoi ils concourent".
Même si les produits et les
acteurs ont changé, ce livre
se situe au coeur d’une actualité
brûlante : celle des limites
de la politique prohibitionniste.
NESTOR HERVÉ