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SWAPS nº 66

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Actualités scientifiques

Statut tabagique, séropositivité au VIH et comportements à risque dans une population d’injecteurs

par Jacques Le Houezec / conseil en santé publique, directeur www.treatobacco.net

"Smoking, HIV status, and HIV risk behaviors in a respondent-driven sample of injection drug users in Baltimore, Maryland: The BeSure Study"
Villanti A, German D, Sifakis F et al.
AIDS Educ Prev. 2012 Apr ; 24(2) : 132-47

L’association entre le tabagisme et les comportements à risque VIH a été analysée dans une population de 669 injecteurs de drogues inclus dans l’enquête de surveillance des comportements à risque VIH à Baltimore (Maryland, Etats-Unis) en 2006.

Cette enquête inclut un dépistage VIH. Elle révèle la très forte prévalence du tabagisme dans cette population (92,1%), dont 32,7% fument moins d’un paquet de cig/j et 59,3% fument 1 paquet ou plus (gros fumeurs). Elle révèle aussi que les gros fumeurs sont moins enclins à déclarer leur séropositivité.

Une analyse multivariée montre que les gros fumeurs rapportent une plus grande utilisation d’analgésiques, plus d’alcoolisation massive (binge drinking), mais moins de rapports sexuels par pénétration anale et moins d’utilisation des services de santé. Il est possible que ce soit cette moindre utilisation des services de santé qui soit à l’origine d’une méconnaissance de leur séropositivité.

Les programmes de prévention ciblant les injecteurs de drogues se sont principalement focalisés sur la réduction du risque par les modes d’injection et par les pratiques sexuelles. Compte tenu des données montrant les forts liens entre tabagisme, alcool et injection de drogues, les auteurs suggèrent trois recommandations pour mieux prendre en compte le rôle du tabagisme dans la prévention du VIH.

D’abord, ils recommandent d’ajouter un questionnaire tabac plus complet au système de surveillance des comportements à risque VIH afin de mieux comprendre le rôle que joue le tabagisme dans l’utilisation de drogues, les comportements à risque VIH, l’infection au VIH, la progression de la maladie et la mortalité due au virus.

Ensuite, les auteurs recommandent de considérer un fort tabagisme comme un index de polyconsommation lorsqu’il est impossible d’obtenir des données sur les autres drogues. Ce qui pourrait faciliter l’accès de ces personnes à des programmes de réduction du risque et aux services de promotion de la santé.

Et finalement, ils recommandent l’inclusion de l’aide à l’arrêt du tabac dans les stratégies de réduction du risque pour les injecteurs de drogues, car cela pourrait avoir un effet positif sur le contrôle des autres comportements à risque VIH.