Le tabagisme des SDF peut être pris en charge

par Jacques Le Houezec / conseil en santé publique, directeur www.treatobacco.net

"Smoking Characteristics and Comorbidities in the Power To Quit Randomized Clinical Trial for Homeless Smokers"
Okuyemi KS, Goldade K, Whembolua GL et al.
Nicotine Tob Res. 2012 May 15. [Epub ahead of print]

Le tabagisme est un facteur d’inégalités sociale et de santé flagrant. La prévalence du tabagisme chez les sans-domicile-fixe (SDF) est incroyablement élevée (environ 70% aux Etats-Unis), mais ils sont rarement pris en charge en ce qui concerne leur tabagisme.

Cette étude rapporte la faisabilité d’un essai clinique randomisé Power To Quit (PTQ) sur une population de SDF (individus n’ayant pas une résidence fixe, régulière et adéquate) recevant une traitement nicotinique de substitution (patch pendant 8 semaines) et soit une prise en charge minimale (conseil minimal), soit avec des entretiens motivationnels, au total 15 séances de suivi sur 6 mois.

Sur un échantillon de 849 individus, 578 (68,1%) étaient éligibles selon les critères d’inclusion (SDF, fumeur=au moins 1 cig/j et CO>5 ppm ; âge>=18), et 430 (74,4% des éligibles) ont été inclus. La majorité des participants étaient des hommes, noirs, ayant 44 ans en moyenne, étant majoritairement sans emploi (90,5%), et vivant ainsi depuis plus d’un an.

Presque tous les participants étaient des fumeurs quotidiens fumant en moyenne 20 cig/j, presque 40% d’entre eux avaient des scores de dépression modérés ou élevés et 80% avaient des antécédents de dépendance (alcool et substances illicites). Il est important de noter que l’importance de l’arrêt pour les participants est très élevée (score de 9,1±1,6 sur 10), ainsi que leur confiance dans l’arrêt (7,3±2,4 sur 10).

Cet article démontre la faisabilité d’inclure une population de SDF dans un essai clinique d’aide à l’arrêt du tabac. Nous attendons avec impatience les résultats sur l’abstinence qui nous donnerons une idée de l’influence du degré de dépendance de cette population, ainsi que de celle de leurs comorbidités psychiatrique et addictive. Une réelle étude de terrain!