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SWAPS nº 66

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Actualités scientifiques

Baclofène à hautes doses :
résultats d’une expérience française

par Yann Le Strat / addictologue, hôpital Louis Mourier (Colombes)

"Abstinence and ‘Low-Risk’ Consumption 1 Year after the Initiation of High-Dose Baclofen: A Retrospective Study among ‘High-Risk’ Drinkers"
Rigal L, Alexandre-Dubroeucq C, de Beaurepaire R et al.,
Alcohol and Alcoholism, In press

Pas un média qui n’ait parlé du baclofène au cours des douze derniers mois. Dans le monde de l’addictologie, c’est du jamais vu depuis le Subutex. La plupart des experts du domaine soulignent qu’au-delà des querelles d’écoles, ce brouhaha médiatique a le mérite d’avoir relancé l’intérêt des pouvoirs publics pour les conduites de dépendance et leur traitement.

Dans une étude à paraître dans la revue Alcohol and Alcoholism, Laurent Rigal et al. rapportent l’évolution de 181 patients ayant bénéficié d’un traitement par baclofène à fortes doses (plus de 40 mg). A un an, 60% des patients étudiés étaient abstinents. De nombreuses limites méthodologiques viennent toutefois limiter l’interprétation des résultats (absence de groupes contrôles, inclusion de patients non alcoolo-dépendants).

Une des particularités notables de ce travail est de ne pas avoir fait l’objet de l’évaluation par un comité d’éthique. L’argument des auteurs est qu’il s’agit d’un "audit" des pratiques de deux cliniciens, et que cette évaluation n’est, de ce fait, pas nécessaire.

Un des autres points à souligner est l’absence d’analyse en intention de traiter. Plus d’un quart des patients ont été perdus de vus, et non-inclus dans les analyses. Difficile de savoir si il s’agit des patients ayant rechuté rapidement, ou ayant présenté des effets indésirables importants, deux raisons souvent associées au fait d’être perdu de vue.

L’effet d’attente des patients est également important. Les auteurs ont, par le passé, déclaré largement leur intérêt pour cette molécule, et sont susceptibles d’avoir attiré en consultation des patients spécifiquement demandeurs de ce traitement, et susceptibles d’un effet placebo plus important.

Bien sûr, ce travail n’a pas la prétention de remplacer un essai clinique randomisé contrôlé, dont il n’a pas le coût ni la complexité, mais ouvre une porte intéressante.