Santé
Réduction des Risques
Usages de Drogues


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SWAPS nº 53

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Brèves n°53

Course contre la montre à l’ONU
Les négociations internationales en vue d’une déclaration commune sur la nouvelle stratégie pour les dix ans à venir de l’ONU en matière de lutte contre la drogue, prévue pour la mi-mars, étaient au point mort fin janvier, selon le Guardian. Les négociateurs américains continuent en effet de camper sur la ligne Bush, explique le quotidien britannique, refusant que la notion de réduction des risques soit incluse dans la déclaration, comme le demandent les représentants des pays de l’Union européenne avec l’appui du Brésil et d’autres pays d’Amérique du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Toute la question est de savoir si un changement d’instructions de la nouvelle administration américaine, plus "libérale" - l’interdiction d’utiliser des fonds fédéraux pour les programmes d’échange de seringues a déjà été levée par le président Obama - arrivera assez tôt pour obtenir un consensus avant la mi-mars.

Des députés UMP veulent classer la BHD comme "stupéfiant"...
Dans un rapport rendu public début février, un groupe de députés UMP a proposé de classer la buprénorphine haut dosage comme stupéfiant pour lutter contre un "trafic important qui coûte cher à la sécurité sociale", ce qui constituerait "un signal fort envers les usagers et les trafiquants".
Les députés proposent aussi des campagnes de prévention avant la classe de 6e, une consultation obligatoire pour chaque jeune de 16 ans "afin de repérer l’usage de drogues et de proposer, le cas échéant, une solution appropriée", ainsi que le développement des communautés thérapeutiques.
Cinq associations de RdR (AFR, Anitea, MDM, Asud et Aides) ont immédiatement réagi, protestant dans un communiqué contre l’idée de classer la BHD comme stupéfiant. Selon Pierre Chappart, d’Asud, cela aurait pour premier effet "d’exclure les usagers les plus précaires du système de soins".

... pas l’Académie de pharmacie
Au même moment, l’Académie nationale de pharmacie se prononçait dans son rapport... pour le maintien du statut actuel de la buprénorphine alors qu’elle avait jusqu’a présent toujours été favorable à sa classification comme stupéfiant. Elle souhaite aussi que la BHD puisse être prescrite aux urgences, parce qu’elle "peut être considérée comme un traitement d’urgence du manque".
Elle se déclare également "attentive" à d’autres options thérapeutiques, en particulier à l’héroïne "comme traitement de substitution en milieu médicalisé". Dans un communiqué commun, Asud, Safe et l’AFR se sont félicités de l’évolution de la position de l’Académie de pharmacie.

La RdR inscrite dans la loi suisse
Les citoyens suisses ont voté à 68%, le 30 novembre 2008, en faveur d’une modification de la loi sur les stupéfiants de 1951 afin d’y intégrer la politique dite des "quatre piliers" (prévention, thérapie, réduction des risques et répression) mise en oeuvre depuis 1994, et qui comporte entre autres la prescription médicale d’héroïne aux usagers de drogues les plus dépendants. En revanche, un texte proposant la dépénalisation de la consommation de cannabis a été rejeté par 63,2% des votants.

La nicotine pas addictive ?
Sans être associée à certains composants du tabac, la nicotine n’est pas addictive : c’est le résultat des nouvelles recherches menées par Jean-Pol Tassin et des chercheurs du CNRS publiées le 21 janvier dans l’édition avancée en ligne du Journal of Neuroscience. Dans ce nouveau travail, l’équipe de chercheurs montre que c’est l’association de nicotine avec d’autres produits contenus dans le tabac, notamment des inhibiteurs de monoamine oxydases (IMAO), qui entraîne le découplage des systèmes noradrénergiques et sérotoninergiques, découplage qui semble responsable des processus d’addiction. Cette découverte expliquerait également pourquoi les substituts à la nicotine utilisés dans le sevrage tabagique sont inefficaces à long terme.

La méthadone "sèche" au palmarès de Prescrire
La méthadone en gélules est l’un des trois seuls médicaments cités au palmarès de la revue Prescrire pour l’année 2008, qui lui a également attribué une "palme du conditionnement".
"Il s’agit d’une nouvelle forme pharmaceutique, attendue, pour une substance ayant une balance bénéfices-risques bien connue et nettement favorable, estime la revue. Malgré un conditionnement particulièrement bien adapté des gélules de méthadone, il demeure, en France, des contraintes importantes en termes de conditions d’accès."

La kétamine progresse outre-Manche
La consommation de kétamine, un anesthésique utilisé en clinique humaine et vétérinaire, particulier par ses effets dissociatifs et hallucinogènes, a progressé de 10% en 2008 au Royaume-Uni, selon les données du British Crime Survey, et serait en passe de prendre le pas sur la cocaïne parmi les usagers récréationnels, selon certains experts britanniques. Martin Barnes, un responsable de DrugScope, s’est inquiété dans The Independant de l’augmentation des doses utilisées et de la prise du produit par injection, et particulièrement du fait que les risques liés à la kétamine (son utilisation à forte dose peut entraîner un coma et une dépression respiratoire, surtout quand elle est associée à l’alcool) sont nettement sous-estimés, notamment chez les jeunes, pour lesquels il s’agirait d’une drogue "sûre". Autre élément qui risque de favoriser la diffusion du produit, la chute de son prix de 30 à 20 livres le gramme en trois ans.