Santé Réduction des Risques Usages de Drogues |
Est-ce un des hasards de lactualité ? A lheure ou Swaps mettait sous presse sa 53e livraison, avec un dossier consacré à la précarité dans son assertion plurielle telle que la vivent encore beaucoup dusagers de drogues ou danciens usagers, la presse et le milieu associatif se faisaient lécho dun pic anormalement élevé doverdoses observées en Ile-de-France, plus spécifiquement en Seine-Saint-Denis et dans le Val dOise. Quarante-quatre personnes ont été hospitalisées, dont certaines dans un état grave, et un homme est décédé dune overdose. Le produit incriminé est une héroïne fortement concentrée dont certains échantillons contiennent de lalprazolam en quantité élevée, un médicament anxiolytique de la famille des benzodiazépines qui augmente le risque de dépression respiratoire et de coma.
Dans un communiqué de presse conjoint Asud/Safe, la politique a pris le pas sur linformation épidémiologique. Les deux associations affirment en effet quen 2008 la répression na "jamais été aussi intensive". Vague répressive dont la principale conséquence serait la précarité dans laquelle se pratiquent les injections : "on shoote vite dans un endroit peu adapté et souvent seul. On apprécie mal les quantités ; en cas doverdose, on est vulnérable à lextrême, et si quelquun vous accompagne, la peur de la prison le pousse à vous abandonner à votre sort"...
Les relations entre précarité et risques sanitaires pour les usagers ne constituent pas un scoop. En attestent les principales conclusions de la dernière étude nationale menée par lOFDT sur les usagers des Caarud1. Ces facteurs de précarité ont dailleurs leurs propres tendances2 : au moins un usager sur deux des Caarud est sans domicile fixe ou habite dans un logement provisoire, près de 50% des usagers ne vivent que des prestations sociales ; nouvelle tendance : les femmes jeunes constituent la moitié des usagers de moins de 20 ans. Une population caractérisée par un niveau élevé de précarité par rapport aux hommes et par une vulnérabilité plus importante, notamment au VIH, en dépit de limpact de la réduction des risques. Cette population de jeunes usagers associe à la fois un risque sexuel plus élevé chez les femmes et une prévalence du partage de matériel dinjection plus importante.
Cest face à cette réalité que Swaps a souhaité revenir sur la question des précarités, à lheure où la permanence daccès aux soins (PASS) est menacée pour cause de réduction budgétaire.
1 Centre daccueil et daccompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues 2
2 lire Tendances n° 61, "Première enquête nationale sur les usagers des Caarud", OFDT