Santé
Réduction des Risques
Usages de Drogues


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SWAPS nº 53

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Edito n°58

par Gilles Pialoux

Est-ce un des hasards de l’actualité ? A l’heure ou Swaps mettait sous presse sa 53e livraison, avec un dossier consacré à la précarité dans son assertion plurielle telle que la vivent encore beaucoup d’usagers de drogues ou d’anciens usagers, la presse et le milieu associatif se faisaient l’écho d’un pic anormalement élevé d’overdoses observées en Ile-de-France, plus spécifiquement en Seine-Saint-Denis et dans le Val d’Oise. Quarante-quatre personnes ont été hospitalisées, dont certaines dans un état grave, et un homme est décédé d’une overdose. Le produit incriminé est une héroïne fortement concentrée dont certains échantillons contiennent de l’alprazolam en quantité élevée, un médicament anxiolytique de la famille des benzodiazépines qui augmente le risque de dépression respiratoire et de coma.

Dans un communiqué de presse conjoint Asud/Safe, la politique a pris le pas sur l’information épidémiologique. Les deux associations affirment en effet qu’en 2008 la répression n’a "jamais été aussi intensive". Vague répressive dont la principale conséquence serait la précarité dans laquelle se pratiquent les injections : "on shoote vite dans un endroit peu adapté et souvent seul. On apprécie mal les quantités ; en cas d’overdose, on est vulnérable à l’extrême, et si quelqu’un vous accompagne, la peur de la prison le pousse à vous abandonner à votre sort"...

Les relations entre précarité et risques sanitaires pour les usagers ne constituent pas un scoop. En attestent les principales conclusions de la dernière étude nationale menée par l’OFDT sur les usagers des Caarud1. Ces facteurs de précarité ont d’ailleurs leurs propres tendances2 : au moins un usager sur deux des Caarud est sans domicile fixe ou habite dans un logement provisoire, près de 50% des usagers ne vivent que des prestations sociales ; nouvelle tendance : les femmes jeunes constituent la moitié des usagers de moins de 20 ans. Une population caractérisée par un niveau élevé de précarité par rapport aux hommes et par une vulnérabilité plus importante, notamment au VIH, en dépit de l’impact de la réduction des risques. Cette population de jeunes usagers associe à la fois un risque sexuel plus élevé chez les femmes et une prévalence du partage de matériel d’injection plus importante.

C’est face à cette réalité que Swaps a souhaité revenir sur la question des précarités, à l’heure où la permanence d’accès aux soins (PASS) est menacée pour cause de réduction budgétaire.



1 Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues 2
2 lire Tendances n° 61, "Première enquête nationale sur les usagers des Caarud", OFDT