Edito n° 32/33

par Gilles Pialoux

La France -on le sait- est un pays phare au sein du marché planétaire en matière de consommation des dérivés du cannabis. Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), un individu sur cinq entre 18 et 75 ans l'a déjà goûté, 6,5% au moins une fois dans l'année, et 3,6% en font un usage répété plus ou moins toxicomaniaque.
Le cannabis est aussi au centre de nombreuses questions sur lesquelles s'inscrivent, parfois jusqu'à l'excès, les débats politiques de tous bords et de tout temps. Est-ce une drogue douce ? Faut-il dépénaliser son usage ? Y a-t-il un lien entre consommation de cannabis et certaines manifestations psychiatriques sévères des adolescents ?
D'autres interrogations plus récentes viennent densifier lé débat : Comment dégager la composante thérapeutique du cannabis de son usage dit "récréatif" ? L'image même du cannabis n'est-elle pas un obstacle à son utilisation médicale (voir l'article Le cannabis n'est plus une "médecine interdite") ? Quels sont les rapports entre dépendance à la nicotine et dépendance au shit ou à l'herbe chez nos ados (voir l'article Les réalités multiples de l'usage de cannabis à l'adolescence) ? Comment aborder tous les thèmes de la prévention ou de la réduction des risques sans tomber sous les fourches Caudines de l'article L. 3421-4 qui pénalise toute présentation des drogues sous un jour favorable ? Quel est le marché français et l'état actuel de l'offre, alors que l'un des ordres de mission donnés par le ministère de l'Intérieur est de lutter contre toute économie souterraine ?
Pour tenter d'entrevoir un début de réponse à ces questions, Swaps a spécialement dédié ce numéro à la célèbre feuille à cinq pédoncules. En s'efforçant d'en aborder toutes les facettes.

Gageons que ce dossier puisse permettre d'éclairer la question du cannabis dans sa complexité. Et ce, à l'heure où le discours répressif plus que préventif semble politiquement dominant.