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SWAPS nº 32/33

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Sanitaire

Derrière le cannabis, le tabac

par Eric Birambo

 

Certaines consommations de cannabis dites "à problème" ne sont-elles pas accrues, voire provoquées, par une dépendance à la nicotine ? Si la question n'a jamais fait l'objet d'une réelle étude, il semble pourtant que certains de ces usagers ne fument pas de tabac en dehors des joints. C'est notamment vrai pour les plus jeunes d'entre eux qui, peut-être parce qu'ils ont eu très rapidement accès au cannabis, n'ont jamais réellement fumé de cigarettes auparavant.
Le shit est presque toujours exclusivement consommé avec du tabac. Quant à l'herbe, sa teneur en THC est devenue telle que le consommateur doit également la "couper" avec une cigarette. Il n'est donc pas rare aujourd'hui qu'un joint soit composé d'au moins 50% de tabac, souvent beaucoup plus.
Il est par ailleurs admis que, dans leur majorité, les usagers de cannabis ne fument pas les joints de la même manière que le font les fumeurs de cigarettes. La quantité de fumée inhalée et le temps durant lequel elle le reste sont largement plus importants chez les premiers. On pourrait aussi ajouter une période bien plus courte entre chaque bouffée. Bref, autant de raisons qui, dès lors que l'on fume plusieurs joints par jour, impliquent une dépendance rapide à la nicotine, même si quatre ou cinq cigarettes ont suffi pour les confectionner.
De nombreux usagers "à problème" ne sont donc pas réellement conscients de leur état de dépendance vis-à-vis du tabac et entretiennent une réelle confusion entre le manque de nicotine et le soulagement que va leur apporter le fait de fumer un joint. Un soulagement qu'ils vont associer à l'herbe ou au shit.
Si le paramètre psychologique est bien entendu primordial chez les personnes faisant un usage inconsidéré de cannabis, il est temps de prendre également en considération le produit d'accompagnement. Et, peut-être, d'envisager pour certains de ces consommateurs "à problème" qui ne consomment pas de tabac en dehors des joints, une thérapie axée, dans un premier temps, sur l'usage de tabac seul. Quel paradoxe !
Alors que de plus en plus de jeunes se dirigent directement vers le cannabis, les hausses successives du prix des cigarettes ne risquent pas d'inverser cette tendance. En octobre dernier, Le Figaro consacrait un article au prix de chacun de ces deux produits. Intitulé "Le joint pas plus cher que la cigarette?", il donnait la parole à des adolescents. L'un d'eux y expliquait notamment que, dorénavant, il ne consommerait plus que des joints : "Je préfère encore prendre un pétard, d'autant plus que je n'en fumerai pas un autre avant au moins trois heures (...) même si je mélange les deux, financièrement je m'en sors mieux. (...) Et là au moins, je ne risque pas d'avoir le cancer." A voir...
Si le THC n'est pas considéré comme cancérigène, il semble, en effet, selon l'expertise collective de l'Inserm, que la fumée de cannabis pourrait exposer ses consommateurs à des risques de cancer bronchique et des voies aériennes et digestives supérieures.